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Questions d’avant-propos Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Administrator   
06-02-2007

La punition est-elle nécessaire à la justice ?

Le droit pénal, par définition, est fondé sur la peine. Une peine est une souffrance qu’on inflige. Est-ce bien de faire du mal à quelqu’un ? Est-ce intelligent ? Utile ? À qui ?

Personne n’ose plus dire que la prison permet aux bandits de s’amender. Elle ne sert qu’à une seule chose qu’elle réussit d’ailleurs fort bien : punir. Même les plus timides réformateurs se heurtent à cette évidence, adoucir les cruautés de l’incarcération s’oppose forcément à son principe : elle est une peine, elle est faite et uniquement faite pour punir le coupable, pour lui être pénible.

Pourquoi punir ?

Le châtiment s’ancre dans l’histoire la plus archaïque de l’humanité, celle des terreurs suprêmes que les hommes ont traduites en dieux et déesses au cœur démoniaque. Pas une religion pour sauver l’autre lorsqu’il est question des supplices réservés aux damnés. L’enfer chrétien n’a rien à envier à l’enfer hindou. En Occident, la condamnation terrible de la faute lors d’un jugement de l’âme après la mort s’enracine dans le culte orphique introduit en Grèce entre le viie et le vie siècle avant notre ère ; ses origines se perdent dans les traditions védiques du deuxième millénaire. Il est vraisemblable que l’idée d’une faute punie dans l’au-delà était déjà à l’époque bien ancienne. L’orphisme a beaucoup influencé les Pythagoriciens puis Platon. Sous tous les cieux, les humains scandalisés de voir l’éternelle injustice du monde ont cherché à rétablir au séjour des ombres l’impossible équité.

On doit punir. C’est un impératif. De quel ordre ?

Est puni celui qui est jugé coupable d’avoir enfreint la Loi, laquelle varie suivant les groupes.

La Loi n’est pas l’expression d’une éthique quelconque : au service du pouvoir disposant des plus grandes forces de coercition, elle n’existe que par la sanction. La Loi du Milieu ou la Loi d’un groupe rebelle peut s’affirmer aussi brutale que celle de l’État. Quelle que soit la situation, la Loi est toujours celle du plus fort : le petit caïd fait la loi jusqu’à ce qu’il se retrouve face à un plus gros caïd ou à un maître lequel ne peut qu’obéir à toute une hiérarchie disposant de forces de plus en plus importantes jusqu’à son sommet. En démocratie populaire ou bourgeoise, c’est la police qui fait respecter la Loi, la Justice qui punit les contrevenants. Entre la justice (l’équité) à laquelle chacun aspire et la Justice (l’institution) qui fait fonctionner la machine sociale au détriment des relations libres entre les êtres, le précipice est infranchissable.

Parlant à peine, l’enfant est aussitôt sensible au sentiment d’injustice : quand il a mal et qu’il pleure (trop) longtemps, on crie, on le boude, on le frappe parfois ; ou bien sa petite sœur a trouvé un ballon et pas lui ou bien il s’est fait piquer par une guêpe et pas elle. Toute sa vie, qu’il se résigne ou se révolte, l’homme considérera les injustices dont il sera victime comme quelque chose qui ne devrait pas être, autrement dit un mal. La grêle peut détruire toutes les récoltes du paysan, la mort prendre l’amante adorée, les voleurs vous dépouiller, la maladie frapper le tout-petit, le jaloux brûler la maison, l’État vous jeter dans la guerre, une enfant peut être violée. Parce que le mal est insensé, l’homme est écrasé par un trop grand désarroi, il lui faut trouver une justification à l’injustice. D’où cette justice incompréhensible d’en-Haut, d’où ces dieux plus ou moins puissants, puis le plus puissant d’entre tous et enfin, en Occident, à partir du moyen âge, un Dieu raisonnable (avant la tentative ratée d’en faire, trois siècles plus tard, la déesse de la Raison).

 
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