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Si les coupables ne sont pas punis, la victime est pénalisée.


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Les jugements d’aujourd’hui sont axés sur les victimes et vont dans le sens d’une lourde aggravation des peines. D’où l’exaspération de certains juristes et avocats sur la place qu’elles ont prises dans le procès puis la peine et, depuis peu, dans les suites de la peine.

On fait bien de dénoncer le désir de vengeance érigé en seule justice possible. Mais nous refusons de faire nôtre un discours qui ferait de la victime un ennemi.

Une victime est une personne en souffrance et il m’importe de chercher comment apaiser les souffrances de ceux qui m’entourent ou que je croise, ne serait-ce qu’à travers un article de journal.

Nous refusons d’autant plus cette aberration de « choisir entre criminel et victime » que le premier devient très rapidement une victime des mécanismes judiciaires, que la seconde, lorsqu’elle exprime sa satisfaction d’avoir « obtenu justice », c’est-à-dire la peine maximum, devient l’agresseur et le bourreau.

Nous refusons ce jeu pervers. Nous sommes solidaires des personnes qui souffrent et tâchons de trouver les meilleures solutions possibles, le châtiment nous apparaissant comme la plus mauvaise, la plus irrationnelle et la moins capable de réparer quoi que ce soit.

 
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Le sentiment d’injustice n’est pas le même pour tout le monde.

Un jour de tempête, quelqu’un reçoit une branche sur la tête. Il peut se dire :

- qu’il a été idiot de sortir par un tel temps.

- que c’est un sacré manque de chance.

- qu’on va voir ce qu’on va voir et qu’on retrouvera facilement le coupable, le propriétaire de l’arbre.

 
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J’ai connu un braqueur de banque qui avait « cassé » la nuit une agence. Pendant tout le temps où il avait travaillé, un petit loubard avait compris ce qui se passait et l’attendait à la sortie où il lui vola son bel argent laborieusement acquis.

« Sur le coup, j’étais d’une colère noire », mais ça lui est passé : « Il faut bien que tout le monde vive. »

 
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Dans un bac à sable, un tout petit de deux ans joue avec une balle. Un autre trouve ça bien injuste de n’en pas avoir. Il prend celle du premier qui trouve tout aussi injuste d’en être dépossédé.

Le père ou la mère du détenteur de la balle a trois solutions :

- confisquer la balle (et tous les deux sont frustrés).

- en acheter une (mais il a plein d’autres enfants autour qui voudraient en avoir).

- faire jouer les deux enfants (et ceux qui le veulent) avec la même balle.

 
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« Aujourd’hui dans un procès, la victime craint d’être jugée. Crainte parfaitement légitime, car jugée elle l’est. Est-elle bonne dans son rôle ? Fait-elle la victime comme il faut ? Elle est la justification de la cruauté qu’on s’apprête à faire subir à l’accusé : le spectacle de sa souffrance doit être à la hauteur. »

(Catherine Baker, Pourquoi faudrait-il punir ?, Ed. Tahin-Party, 2004, p. 8)

 
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Quand une personne est agressée, tout le groupe se sent menacé.
 
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Les victimes d’erreurs judiciaires ont, elle aussi, dû affronter la colère et la violence des victimes ou de leurs représentants.
 
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Victime, on peut l’être du chômage, de la pauvreté, de l’humiliation sociale. Mais les associations de victimes ne les prennent pas en compte. Pourquoi ?
 
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« Dans le droit romain des premiers temps, en donnant à la peine une fonction exemplaire, on poursuit une politique répressive à base d’intimidation ou de dissuasion. Le point de vue du groupe, qu’il faut tenir dans le devoir et dresser par la crainte du châtiment, l’emporte sur celui de la victime. Il n’y a guère d’obstacle à ce que la peine, terrifiante, l’emporte de beaucoup sur la mesure exacte du mal ou de la culpabilité. »

(Michel Humbert, in La peine. Première partie, Antiquité, recueil de la Société Jean Bodin pour l’histoire comparative des institutions, De Boeck Université, Bruxelles, 1991, p. 146)

 
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Mais plus tard, sous l’Empire, « il a été décidé, par plusieurs, que les assassins de grands chemins subiraient le supplice de la croix là où ils ont perpétré leurs crimes… afin que la peine infligée en retour, au lieu même où ils ont commis leur assassinat, consolât les parents et les proches de leurs victimes. »

(Michel Humbert, in La peine. Première partie, Antiquité, recueil de la Société Jean Bodin pour l’histoire comparative des institutions, De Boeck Université, Bruxelles, 1991, p. 147)

 
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Et enfin, sous Dioclétien, les juges sont invités à faire grâce le moins souvent possible. « Mais la victime ne risque-t-elle pas, en pardonnant, de faire échec à cette politique répressive ? Certainement. Aussi Justinien, pour doter d’une imparable efficacité les peines contre le rapt, interdit-il, sous la menace des peines les plus graves, aux parents des filles enlevées de renoncer à leur vindicte. Le pardon est devenu délit, car l’impunité qu’il assure ne peut que multiplier le crime (ne sine vindicta talis crescat insania). La plainte de la victime ne tend plus seulement, ni même principalement, à obtenir satisfaction ou vengeance. Elle est engagée de force dans la lutte contre la criminalité. »

(Michel Humbert, in La peine. Première partie, Antiquité, recueil de la Société Jean Bodin pour l’histoire comparative des institutions, De Boeck Université, Bruxelles, 1991, p. 154)

 
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Il est assez étrange de constater que, juste après guerre, on accusait beaucoup l’Eglise catholique d’avoir, au cours des siècles, glorifié la dolorisation muette des victimes et ce en dépit des tensions entre l’institution du côté du pouvoir et les plus humbles de ses ouailles. Rien n’était plus saint que de se taire quand on vous frappait la joue droite. Dans ses prêches, elle était – l’a-t-on assez dit ! – du côté des vaincus, des esclaves et des pécheurs.

Cette critique n’est plus de mise, l’Eglise, comme toujours, s’est rangée du côté du plus fort et hurle aujourd’hui avec les loups. Ce qui est nouveau, c’est que les groupes de pression à ses ordres ont clairement opté pour la plus grande sévérité en matière de droit pénal. Sa hiérarchie lâche ostensiblement ceux qu’elle considère comme ses brebis galeuses ; en témoigne le lynchage médiatique de l’abbé Pierre en 1996 ou encore l’abandon du prêtre accusé de pédophilie dans l’affaire d’Outreau qui n’a dû d’être innocenté que « par miracle »… L’Eglise d’aujourd’hui attend de ses fidèles qu’ils se rangent derrière les procureurs. Au pire, ils condamnent ; au mieux, ils s’en lavent les mains.

 
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« Le succès de l’ensemble de ces idées et pratiques plaçant la victime au centre de la justice pénale peut aussi s’expliquer par un mouvement social plus général. Les travaux de Jean-Michel Chaumon (1) illustrent cette approche. Après avoir publié une étude remarquée  sur le statut des victimes de l’Histoire (2), il s’interroge sur la concomitance entre la revalorisation de ce statut et celui des victimes d’acte de délinquance. Il y voit l’une des manifestations d’une tendance sociale lourde faisant de la posture de la victime le moyen le plus efficace pour faire valoir ses droits et prétentions. »

(1). Jean-Michel Chaumon, « Du culte des héros à la concurrence des victimes », Montréal, Criminologies, vol. 33, n°1, 2000, pp. 167-183.
(2). Jean-Michel Chaumon, La concurrence des victimes. Génocides, identité, reconnaissance, Paris, La Découverte, 1997.

(Il n'y a pas de peine juste, Guy Casadamont et Pierrette Poncela, Odile Jacob, 2004, p. 92)

 
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« Dans l’histoire des sensibilités collectives, ce sont probablement les témoignages sur la Shoah qui ont servi de catalyseur à la reconnaissance de la victime. Ils nous ont préparés à entendre la parole de toutes les victimes, à en comprendre le sens, à penser des perspectives de réparation. A leur suite, on a assisté au dévoilement progressif de leur visage, à une solidarité d’aide et d’accompagnement : depuis lors, elles sont à la recherche d’une reconnaissance qui ne soit ni ignorée, ni récupérée.
Mais autour de cette victime de chair et d’os, la figure de la victime est aussi une ressource politique. Derrière la victime incarnée peuvent toujours surgir la victime invoquée et l’idéologie victimaire. Le cercle de la plainte s’élargit à l’infini. Les messagers bruyants de la victime invoquée, nouvelle forme du martyre, étouffent la voix de la victime singulière. Tout un discours populiste se construit sur les humiliations perpétuellement subies par un peuple de victimes. »

(Denis Salas, La volonté de punir, Hachette-Littérature, 2005, p. 65)

 
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« Franchissant un pas de plus, le sens de la peine intègre désormais le respect des droits des victimes à côté de la protection de la société et de la réinsertion. Trois réformes viennent confirmer cette tendance : premièrement, des enquêtes peuvent être faites sur les conséquences des mesures d’individualisation des peines au regard de la situation de la victime ; deuxièmement, celle-ci doit être informée de la possibilité de déposer des observations écrites avant toute décision du juge de l’application des peines ; troisièmement, la victime doit désormais être informée avant toute mise en liberté « lorsqu’il existe un risque que le condamné puisse se trouver en [sa] présence (1). »

(1) Nouveaux articles 712-16 et 720 du CPP (loi du 9 mars 2004)

(Denis Salas, La volonté de punir, Hachette-Littérature, 2005, p. 181)

 
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« Les deux droits – poursuite et réparation – ont été renforcés et facilités par toute une série de réformes procédurales. Les associations d’aide aux victimes (1) ont tenu et tiennent actuellement un rôle très important dans l’accompagnement des victimes tout au long de leur parcours procédural considéré comme un traumatisme supplémentaire. Ces associations reçoivent des subventions du ministère de la Justice et ont été encouragées à tenir des permanences dans les locaux de police, les tribunaux et les établissements hospitaliers. La loi du 15 juin 2000, relative à la protection de la présomption d’innocence et aux droits des victimes les a reconnues comme partenaires de la justice pénale. »

(1) Attention : « [Le rôle des] associations de défense des victimes ne doit pas être confondu avec celui des associations d’aide aux victimes ».

(Guy Casadamont et Pierrette Poncela, Il n'y a pas de peine juste, Odile Jacob, 2004, p. 87)

 
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Les libertariens (les ultra-libéraux) ne manquent pas d’idées :
« Le meurtre pose un problème particulier : les héritiers de la victime peuvent manquer de zèle dans la poursuite du meurtrier ou être tentés de permettre à celui-ci de payer pour racheter son crime. Le problème se réglerait de manière fort simple quand les gens indiqueraient dans leur testament la peine souhaitée pour leur assassin éventuel. »

(Murray Rothbard, L’éthique de la liberté, Les Belles Lettres, 1991)

 
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« En somme, une fois le mal commis, la peine ne suffit plus. La dette subsiste et cherche son dû. Comment survivre, revivre, sortir du trauma, traverser le deuil ? L’État qui sait punir ne sait pas répondre à une dette inconnue de lui. La victime ne cesse de chercher une réparation, de forcer une offre qui se dérobe. Sa quête demeure infinie, son objet insaisissable. Autour d’elle, la cohorte des moralistes invisibles veille à dénoncer les atteintes à sa figure sacrée. Comment mieux voir l’hégémonie de la culture victimaire et le déclin corrélatif de l’idée de réhabilitation qui donnait son orientation à la peine. »

(Denis Salas, La volonté de punir, Hachette-Littérature, 2005)

 
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« De nombreuses équipes de chercheurs ont, depuis des années déjà, orienté leurs travaux dans un sens qui permet à certains d’affirmer aujourd’hui « la non-évidence du pénal », et de programmer une nouvelle batterie de recherches tendant à fonder ce diagnostic de façon inéquivoque (1). D’autres investigations poursuivies à partir des événements victimisants (1) contribuent d’autre part à montrer la viabilité de la société dans système pénal dont nous avons affirmé qu’elle existe déjà. »

(1) Philippe Robert, Rapport scientifique du L.A. 313, en Service d’études pénales et criminologiques, Paris, aujourd’hui Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP).
(2) Notamment par l’École de criminologie de Montréal.

(Louk Hulsman, in Punir mon beau souci, Revue de l’Université de Bruxelles, 1984, p. 316)

 
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« Quand on parle de "crime" ou de "délit", une image surgit immédiatement, qu’on le veuille ou non : celle d’un acteur coupable… Si on remplace les vocables "délinquants" et "victime" par l’expression "personnes impliquées dans un problème", on évite de fixer mentalement ces personnes dans des rôles préfabriquées qui limitent leur liberté de conscience et les convertissent ipso facto en adversaires. »

(Louk Hulsman, in Punir mon beau souci, Revue de l’Université de Bruxelles, 1984, p. 302)

 
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« Les enquêtes de victimisation réalisées périodiquement aux Etats-Unis montrent que presque personne ne se reconnaît victime d’actes de violence "criminelle" dans la famille, alors que la pratique des services sociaux montre la fréquence de ces événements violents. Il faut bien penser que ceux qui en font l’expérience, même si cela pèse parfois très lourd dans leur vie, ne voient pas en quoi une intervention criminalisante règlerait leur problème. »

(Note 12, in Punir mon beau souci, Revue de l’Université de Bruxelles, 1984, p. 305)

 
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« Il faut partir de "l’événement criminel", et y revenir. Accepter de se confronter à la chose, à l’acte lui-même. Je ne vois pas comment on peut saisir la portée d’un tel fait, en remonter les causalités et descendre le long de ses conséquences, comprendre le sens qu’il revêt pour ses différents protagonistes, si l’on commence par effacer l’acte, qui est, en même temps qu’une collision matérielle, physique, un foyer de significations. Le "quelles sont les causes" ne peut effacer le "que s’est-il passé ?" Est-ce que vous pouvez comprendre la personnalité de l’auteur, si vous faites abstraction de l’acte ? L’acte n’est-il pas aussi une fenêtre ouverte sur la personnalité ? Le "qui es-tu ?" ne peut remplacer le "qu’as-tu fait ?" Est-ce que vous pouvez comprendre l’attitude ultérieure de la victime, si vous négligez ce qu’elle a vécu ? Le "quel est ton préjudice ?" ne peut remplacer le "que vous est-il arrivé ?"
[…] Or toute une partie de la réflexion de ceux qui militent en faveur d’une dépénalisation radicale et/ou continuelle semble fondée sur un crime absent. »

(Didier Peyrat, magistrat au Tribunal de grande instance de Pontoise, « Peut-on penser la peine sans le crime ? », séminaire de philosophie du droit 2005-2006, 3ème séance, 12 décembre 2005, Institut des hautes études sur la justice)

 
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« La justice primitive ignore la victime et le système est généralement froid et impersonnel » a dit Desmond Tutu, Prix Nobel de la Paix en 1984.
Il s’est fait l’artisan d’une justice réparatrice par la voie de la commission Vérité et Réconciliation, s’appuyant sur l’ubuntu (mot qui exprime une attitude d’humanité à l’égard d’autrui et l’importance accordée au fait de vivre ensemble). Face aux auteurs de tortures, de viols et de crimes atroces, les victimes de l’Apartheid et aussi de ceux qui l’avaient combattu ont choisi d’accorder l’amnistie aux coupables en échange de la vérité.

(Cf. Desmond Tutu, « Pour une justice réparatrice et guérisseuse », Le Monde du 22 janvier 2006 [cop. Project Syndicate 2006 - Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz])

 
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